Récit d’un voyageur du « je ne sais pas »…

 

Le voyage est un déplacement dans un espace et un temps qui rompt avec le rythme pendulaire du quotidien.

Nous invitant à l’inconnu, il induit un état intérieur « suffisamment vide de représentations » et oblige à un aménagement temporaire avec le « je ne sais pas », état d’incertitude que notre esprit rationnel, tend à repousser dans ses ultimes limites, sauf à quelques moments privilégiés, comme l’état amoureux, l’art, l’écriture…et bien sûr, les voyages.

Le voyage est donc une sorte de brèche dans le connu, une faille tectonique au sein des continents du savoir de laquelle surgit la « pâte » magmatique fusionnelle, écartant inexorablement l’une de l’autre les « rives-alitées » de notre pensée duelle.

Comme disait Marcel Proust :
« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».

Des différentes façons de voyager, il en est une particulière que la mythologie grecque nous a laissée dans l’Odyssée ; je veux parler de la navigation maritime : c’est par elle que j’ai découvert mes « nouveaux yeux ». C’est par une histoire de mer que j’ai commencé ce voyage pour me rapprocher peu à peu des rives du quotidien et y trouver, en filigrane, ce que Bertrand Poirot-Delpech découvrait dans son livre « Traversées » :

« …Nous ne sommes pas quelque part,
nous sommes à un instant de nous-mêmes ».

A propos de navigation maritime et des marins, Aristote disait :

« Il y a trois sortes d’êtres :
les vivants,
les morts
et ceux qui vont sur la mer ».

Ni vivant ni mort… le marin expérimenterait-il un 3ème état du vivant ? un entre-deux spatial et temporel ? un « flottement » entre deux abysses ? Alors, partir en mer, ce serait quitter le connu et faire l’expérience d’un autre monde, d’une autre réalité ?

(à suivre…)

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